Journées d’étude : TUKTUKTUKTUKTUKTUKTUKTUK

13-14 juin 2019

S’inspirant d’une oeuvre de László Lakner, artiste conceptuel hongrois, les journées TUKTUKTUKTUKTUKTUKTUKTUK reviennent sur une des acceptions du mot jeu : en mécanique, le jeu est l’espace nécessairement laissé entre deux ou plusieurs pièces dans l’assemblage d’un mécanisme. Comme il est impossible de réaliser des éléments avec une géométrie parfaite, l’enjeu est d’incorporer ce jeu comme atout dans le fonctionnement. L’intitulé des journées exemplifie cet espace inframince du jeu dans la mécanique ludique des mots, car en répétant TUKTUKTUKTUKTUKTUKTUKTUK à haute voix pendant un moment, on remarquera qu’entre le K et le T s’ouvre inéluctablement un petit écart vocal où s’invite un nouveau son que personne ne saurait empêcher. Opérance ? Certes, mais peut-être plus et autre chose encore…

Ces deux journées d’étude organisées par le DSRA Document & art contemporain (ÉESI, Angoulême, Poitiers – Ensa, Bourges) ont lieu à La Box, Ensa Bourges.

 
 
 
 
Jeudi 13

14h Aperture M. Tapia – S. Wright

14h15 Ioanna Gerakidi. On Willful Aberrations

15h Asli Seven. All things third / Toutes choses tiers

15h45 – 16h15 Break

16h15 Ferenc Grof. Painted alphabet

17h Marine Lahaix. Tour de manège 

17h45 AM Fohr. Wiederholung und Spielraum (répétition et espace de jeu)

 
 
 
 
Vendredi 14

9h30 Reprise

9h45 Arnaud Deshayes. Du jeu de la bande passante

10h30 Thomas Guillot / Penelope factory. We’re playing those mind games together…

11h30 Anna Romanenko. Who’s there?

12h30-14h Picnic

14h Stephen Wright. Les cases réconciliées sont conjuguées. Jeux hors champ et hors bord

14h45 Matteo Locci. The resisting game of imponderable perceptions

15h30 Mabel Tapia. Cromoactivisme – La couleur comme jeu et lieu de résistance

16h15 Valentina Traïanova. A a a  a a a a a a A aa h (version études, 2019) 

Reviens ! Co°°ooOOmebaaaaaack  Verni se ! (Version études, 2019)

 
 
 
 

Détail des propositions.

Jeudi 13

Ioanna Gerakidi

On Willful Aberrations

To wonder, stray, roam, rove; to stay with the amorphous qualities of vibration, to touch the space in between words, to find an idiolect, and share it after, to mutually utter the silenced, and to finally reach the impossible. ‘On willful aberrations’ is a text tracing the occult, the erotic, the disordered and other a-syntactic times, spaces and qualities as a means to become with the unknown, to rearrange the nexuses of power. The words, and what exists in parallel to them, aim to touch and be touched by the intrusion of otherness; not to demonise it, nor to exotify it either. The text is using personal stories, quotidian narratives, myths and other non-linear morphemes as its temporal axes.

Asli Seven

All things third / Toutes choses tiers

Is there an aesthetics of non-alignment, the movement that attempted to open an « other » space between the two poles of the bipolar world?  If we are dissatisfied by the existing literature on this (as far as we know of it), could we open up a speculative space around the idea of « Critical Thirding »? From the Third Mind (Burroughs & Gysin) to Third Space (H.Lefebvre, E.Soja) and maybe Third Hand, but also The Third World and why not Third Text, this presentation tries to question « all things Third » to see whether an aesthetics of non alignment can be found here, in a space of play between two, which is neither nor but both and other. 

Ferenc Grof

Painted alphabet

László Lakner (1936) est une figure majeure de l’art contemporain hongrois. Peintre de renom, il a développé un important corpus d’œuvres conceptuelles dans les années soixante et soixante-dix, une sorte de prolongement de sa pratique picturale. Cette conférence condensée contextualise la pièce TUKTUKTUK […] dans l’oeuvre de Lakner et dans le cadre de la Hongrie socialiste en général.

Marine Lahaix

Tour de manège

J’ai très peur de toi mais ne t’inquiète pas, je ne te ferai aucun mal.

J’aimerais que tu fasses ce que je veux mais de ton plein gré bien sûr.

Les notions de « domestique » et de « sauvage » seront abordées, sous l’angle du jeu (et du “tuktuk…”), 

AM Fohr

Wiederholung und Spielraum (répétition et espace de jeu)

Entre force et contrainte, la répétition use son objet.  Le jeu qui transforme l’espace de jeu entre deux ajustements, y introduit un extérieur. Il agit.

(Projection suivie d’un commentaire)
 
 
 
 
Vendredi 14

Arnaud Deshayes

Du jeu de la bande passante

Quand le temps est hors de ses gonds, il y a du jeu dans la bande passante. C’est à cet endroit qu’il est possible de pratiquer l’histoire. Une expérience aux confins du Bengale.

Thomas Guillot / Penelope factory

We’re playing those mind games together / Pushing the barriers, planting seeds / Playing the mind guerrilla / Chanting the mantra, peace on earth / We all been playing those mind games forever (J. Lennon)

Alors que sévissaient encore les post-structuralistes à la fin des années soixante-dix, Y. Pareira (1936-) commençait à forger son concept de σχέδιο afin d’introduire plus de jeu dans les structures en questionnant les modalités de leurs opacifications. Les σχέδια ( plans, esquisses, brouillons, motifs)  pourraient être représentés comme les dossiers vides d’une arborescence complexe. Inspirée tant des classifications de Aarne-Thompson-Uther, du monomythe de Joseph Campbell, des formes sérielles, du symbolisme minimal et des combinatoires des logiciens que de la redécouverte par Henri Corbin de Shihab al-Din Sohrawardi et du « Mundus Imaginalis », la schédiologie gagnerait aujourd’hui à être considérée pour ses propensions au jeu et à l’anamnèse.

Anna Romanenko

Who’s there?

In Russian “tuktuktuk” is an onomatopoeic expression for knocking on a door. Knuckles on wood tuktuktuk is a request, a question to enter a realm that is not one’s own, governed by a superior or at least by an unknown power – an object-sound asking for a voice. The presentation roams the intricate relationships that objects sometimes have to speech, whether they embody, vouch for or enact an enunciation.

Stephen Wright

L’opposition et les cases reconciliées sont conjuguées. Jeux hors champ et hors bord

L’art n’aura jamais été conceptuel. Quelle que soit la puissance des ensembles d’oeuvres, d’actions et de documents dont il est ou prétend être le nom, l’art conceptuel est au mieux l’ombre d’un leurre, un malentendu malentendant, une case trop vite réconciliée pour être effectivement conjuguée. Dans son très cérébral ouvrage sur les échecs — livre d’artiste et de stratège — et ailleurs, Marcel Duchamp cherchait par reductio ad conceptum à arracher l’art, et le reste, à l’emprise du concept. Mais, ironie des ironies, ses successeurs, croyant bien faire, se sont engouffrés dans l’ombre conceptuel qui illuminait tout. Brève généalogie d’une errance et d’une évasion ludique.

Matteo Locci

The resisting game of imponderable perceptions

The presentation will not necessarily explain why tuk tuk tuk might sound like a bu-du,bu-du, bu-du, nor will it focus on why the words might sound like a bu bu bu bu bu if listeners close their eyes, and certainly will not go into the reasons why, if recorded, it might become a gu gu gu. 

Mabel Tapia

Cromoactivisme – La couleur comme jeu et lieu de résistance

Au début du XXIème siècle, la couleur se montrait absente de toute discussion et réflexion sur l’art de ce temps. La couleur semblait avoir perdue sa place dans le vocabulaire et les narrations artistiques, place largement occupée entre la moitié du XIXème et le XXème siècle. Récemment, c’est l’activisme qui réactive et actualise une réflexion sur la couleur. Quels sont les caractéristiques et les implications de cette actualisation ? Nous aborderons cette question à partir du travail du collectif argentin Cromoactivismo qui commence à opérer en 2016. 

Valentina Traïanova

A a a  a a a a a a A aa h 

Reviens ! Co°°ooOOmebaaaaaack  Verni se ! (version études, 2019) 

A a a  a a a a a a A aa h est la description écrite d’une improvisation lyrique débutant par la lettre I qui désigne en anglais «  je ». Cette performance jubilatoire met en excès les différentes modalités de la voix, en formant une écriture qui procède d’une improvisation vocale et de trois langues, le français, l’anglais et le bulgare. 

Une pièce sonore donne le premier ton par le mot Reviens ! qui se décline dans ces trois langues Reviens ! Comeback Verni se !

Un étrange écho s’adresse à la fois à la langue même et à la voix. Malgré leurs spécificités sonores et linguistiques mais aussi les différentes affects émotionnels, économiques et culturels que ces trois langues véhiculent elles se retrouvent ici égales les unes aux autres et forment ensemble le montage d’un récit qui passe du dire improvisé à l’écrit composé afin de revenir au dire via une nouvelle interprétation dont se dégage une nouvelle langue plus abstraite. A a a  a a a a a a A aa h, pose la question de notre rapport à la langue ainsi qu’à la présence vocale qu’elle véhicule par le billet de langage.