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Voyage en Argentine
Ce voyage est pensé comme un « déplacement » conceptuel du barrage au « faire barrage ». Ce voyage se concentrera davantage sur le paysage social compris comme espace “agonistique”, en continuelle reconfiguration. La ville de Buenos Aires naît au bord du Rio de La Plata, estuaire résultant du Río Parana et du Río Uruguay. Au fil du temps, la ville grandit en tournant le dos au fleuve, les Porteños abandonnant les diverses activités qui lui étaient liées. L’ancien port désormais désinvesti devient, pendant les années 1990, l’icône de certains processus de gentrification. Néanmoins, tout récemment, une série des propositions artistiques revient sur cette histoire, le collectif Oficina proyectista a notamment réalisé une recherche sur la dernière plage existante encore dans les années 1960 à Buenos Aires, « Puerto Piojo », territoire jouxtant aujourd’hui un vaste « pôle pétrochimique ». Une expédition dirigée par le collectif à Puerto Piojo est prévue lors du voyage. Il sera aussi question de revenir sur l’histoire des « escraches” — des actions symboliques visant à signaler publiquement la présence des tortionnaires de la dictature militaire restés impunis du fait des lois d’amnistie. L’organisation des  »escraches », H.I.J.O.S. (Hijos por la Identidad y la Justicia contra el Olvido y el Silencio – Enfants pour l’Identité et la Justice contre l’Oubli et le Silence) cherche à provoquer une condamnation sociale là où la condamnation légale n’a pas eu lieu. Ces actions ont pour but de dénoncer la normalisation d’une situation, en œuvrant pour positionner le débat dans la sphère publique et tenter ainsi, de créer un sentiment de honte sociale. Les premiers escraches consistent à faire irruption dans un lieu public, un café ou un lieu de travail où un tortionnaire se trouve et à dénoncer publiquement, avec des panneaux et de chants, son implication et sa responsabilité dans les crimes commis pendant la dictature.