Présentation

L’année 2018-19 est organisée autour du noeud conceptuel d’opérances.

Notre agir, nos projets et nos récits historiques sont, à des échelles différentes, souvent évalués selon leur capacité à se montrer soit opérantes, soit inopérantes. D’une part, l’opérance souvent proclamée (parfois comme un voeux pieux), la sur-opérance de plus en plus exigée par la raison économique, ou l’hyper-opérance feinte par les instances du pouvoir, sont à relativiser face à l’apparente inopérance de tout projet d’émancipation aujourd’hui. Mais d’autre part, les algorithmes et autres appareils de capture de nos savoirs et usages ne semblent que trop opérants, soulevant forcément la question de la puissance paradoxale de l’inopérance. Ainsi, dans cette relation binaire, opérances et inopérances semblent définir notre monde, réduisant et renfermant le champ des possibles. Opérances serait une façon de designer le dépassement de cette dichotomie pour ouvrir un espace de puissance. Dans un champ déterminé par des forces multi-directionnelles, ces opérances « agissent » de façon peu perceptible. Comment ces opérances peuvent-elles être repérées,caractérisées, voire pratiquées ? Qu’en est-il de l’opérance de nos désirs, de notre agir, de nos savoirs, de notre imaginaire ? Qu’en est-il de l’opérance de l’art ?

Après une année consacrée au barrage et aux opérances et inopérances de l’énergie que génère cette figure emblématique de la transformation des paysages et génératrice d’écosystèmes énergétiques, nous nous pencherons sur les différents modes d’opérances en art et dans le monde social. Ne s’agit-il pas parfois de retrouver l’opérance d’une plante ? D’une onde ? Ou d’une nappe pétrolière ? L’opérancene serait-elle pas une façon de nommer et de pratiquer ce que Michel Foucault appelait des “contre-conduites” qui minent l’exercice du pouvoir opérant en sapant la base de soumission ponctuelle sur laquelle il repose ?

Ce sont ces questions qui constituent le noeud conceptuel de la recherche qui est menée au cours de l’année 2018-19 dans le programme de DSRA, Document & art contemporain.