Manifeste DSRA

Proposition pour une réflexion collective

/Le programme affirme son caractère nomade par son fonctionnement, son statut et sa cosmovision. Il pratique la recherche en art, comprise comme un outil d’action et d’enquête sur les mondes.

/Cette recherche est par définition collective. Chaque membre du groupe se constitue comme praticien sans distinction de rôle. Notre pratique se réalise à l’échelle 1:1 : nous ne « performons » pas nos expériences, mais faisons de la cartographie à pied.

/Le DSRA se structure à partir d’un nœud conceptuel, redéfini chaque année, qui sous-tend la réflexion collective et mobilise des nœuds conceptuels antérieurs, en en faisant éventuellement de nouveaux usages, assurant ainsi la continuité du processus collectif (métamorphose sans abandon).

/Nous travaillons ainsi par glissements méthodologiques. Cette démarche favorise la migration des corps et des concepts qu’implique tout travail de recherche. Car celle-ci nous amène toujours ailleurs. C’est un travail qui se propage par affinités et contagions.

/Le programme fait le pari d’encourager la dimension érotétique de chacun•e, c’est-à-dire de privilégier le questionnement à partir des désirs, de l’imagination, de la volonté, de la mémoire et de l’affect, sans pour autant négliger la dimension proprement spéculative.

/Le DSRA fonctionne par dialogue à voix multiples portant aussi bien attention aux savoirs institués qu’aux savoirs subalternes ou peu reconnus. Nous nous efforçons de tenir compte des savoirs « incidentaux » (survenant inintentionnellement).

/L’année se constitue en moments prenant la forme de rencontres, de voyages, de discussions et de projections qui sont articulés conceptuellement afin d’en augmenter la puissance heuristique. Ces moments sont tantôt instituants, tantôt destituants.

/Le programme développe une écosophie basée sur le libre usage des savoirs, contestant l’individualisme possessif, et notamment le régime de l’auteur et du spectateur. Il s’agit d’expérimenter un mode d’agir ensemble, en oeuvrant à l’émergence d’une condividualité par la dénaturalisation et la désactivation de l’individu. Êtres divisés, ensemble.

/En exerçant une pratique de la théorie, le collectif devient ainsi à la fois objet et méthodologie. Ce n’est que par la mobilisation collective des connaissances qu’on arrive à de nouveaux savoirs et à la recomposition collective des formes et désirs.

/Le programme promeut des processus instituants tout à valorisant des moments institués comme moments de condensation nécessaires à toute recherche. La revue annuelle du programme, Les Cahiers du DSRA, en est un exemple comme le sont les expositions, textes, et processus d’évaluation eux-mêmes.

/En parallèle aux activités collectives, les praticiens mènent une recherche personnelle intégrant production artistique et réflexion théorique. Le projet de recherche individuel permet l’obtention, à l’issue des trois années, d’un Diplôme supérieur de recherche en art, de niveau doctorat. Les Cahiers du DSRA, publiés à l’issu de chaque session annuelle, témoignent des activités du programme en réunissant les travaux des participants et les contributions des invités.

/Le programme se porte ainsi garant de la rigueur des recherches engagés. Nous visons une réussite qui ne relève pas de la consécration. Tel est notre exigence.

/Chaque année le programme noue des liens avec divers interlocuteurs institutionnels et autres acteurs engagés dans des champs différents pas forcément liés à l’art qui en deviennent partenaires. Cette année, la direction devient bi-corporelle (et non seulement bicéphale).

/Ce manifeste a vocation d’être discuté et ré-élaboré au sein du groupe au fil du temps.

Photo © Julio Cortazar, Carol Dunlop, voyage Paris-Marseille, 1982 (In Los autonautas de la cosmoruta)

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