L’année 2018-19 sera organisée autour du noeud conceptuel d’opérances.
Notre agir, nos projets et nos récits historiques sont, à des échelles différentes, souvent évalués selon leur capacité à se montrer soit opérantes, soit inopérantes. D’une part, l’opérance souvent proclamée (parfois comme un voeux pieux), la sur-opérance de plus en plus exigée par la raison économique, ou l’hyper-opérance feinte par les instances du pouvoir, sont à relativiser face à l’apparente inopérance de tout projet d’émancipation aujourd’hui. Mais d’autre part, les algorithmes et autres appareils de capture de nos savoirs et usages ne semblent que trop opérants, soulevant forcément la question de la puissance paradoxale de l’inopérance. Ainsi, dans cette relation binaire, opérances et inopérances semblent définir notre monde, réduisant et renfermant le champ des possibles. Opérances serait une façon de designer le dépassement de cette dichotomie pour ouvrir un espace de puissance. Dans un champ déterminé par des forces multi-directionnelles, ces opérances « agissent » de façon peu perceptible. Comment ces opérances peuvent-elles être repérées,caractérisées, voire pratiquées ? Qu’en est-il de l’opérance de nos désirs, de notre agir, de nos savoirs, de notre imaginaire ? Qu’en est-il de l’opérance de l’art ?
Après une année consacrée au barrage et aux opérances et inopérances de l’énergie que génère cette figure emblématique de la transformation des paysages et génératrice d’écosystèmes énergétiques, nous nous pencherons sur les différents modes d’opérances en art et dans le monde social. Ne s’agit-il pas parfois de retrouver l’opérance d’une plante ? D’une onde ? Ou d’une nappe pétrolière ? L’opérance ne serait-elle pas une façon de nommer et de pratiquer ce que Michel Foucault appelait des “contre-conduites” qui minent l’exercice du pouvoir opérant en sapant la base de soumission ponctuelle sur laquelle il repose ? Ce sont ces questions qui constituent le noeud conceptuel de la recherche qui sera menée au cours de l’année 2018-19 dans le programme de DSRA, Document & art contemporain.
Créé en octobre 2010, à l’initiative de l’École européenne supérieure de l’image (ÉESI), en partenariat avec l’École nationale supérieure d’art de Bourges (ENSA Bourges), ce troisième cycle met l’accent sur une recherche aussi bien individuelle que collective.
Ce programme s’adresse à de jeunes artistes, commissaires ou critiques qui souhaitent prolonger leur formation par un troisième cycle d’études de trois années sans exclusivité de support ou de technique. Les participants doivent suivre les activités collectives du programme et mener une recherche personnelle qui concilie ou dialectise production artistique et réflexion théorique. Le projet de recherche individuel doit être validé par un jury constitué de l’équipe enseignante et d’une personnalité extérieure à la fin de la première année. Il permet l’obtention, à l’issue des trois années, d’un Diplôme supérieur de recherche en art (DSRA) de niveau Doctorat.
Le programme est par nature nomade, le déplacement étant un choix méthodologique assumé. Les activités sont regroupées sur une semaine par mois et elles ont lieu dans différents villes (Paris, Bourges, Poitiers, Angoulême…). Lors de ces moments de rencontre, le programme emprunte le mode du séminaire avec l’invitation d’artistes, de théoriciens ou de commissaires. Il est demandé aux participants une pratique régulière d’écriture sous forme de textes, de comptes-rendus et de correspondance. La présence aux différentes rencontres est obligatoire.
Une revue annuelle, les Cahiers du DSRA, témoigne des activités du programme en réunissant les travaux des artistes et les contributions des artistes invités. Un numéro double 7/8 sera publié en octobre 2018.Le partenariat avec CalArts (California Institute of the Arts, Valencia), et plus particulièrement le département de Critical Studies, est reconduit. Un voyage d’étude sous forme de dérive en ex-Yougoslavie est prévu en octobre 2018.
Le recrutement est international. Les langues de travail sont l’anglais et le français.
Modalités de sélection
Les candidats doivent détenir un diplôme homologué au niveau 1 (bac + 5) supérieur national ou international ou justifier d’une expérience artistique pour les pays qui ne délivrent pas de Master en art. Après une présélection sur dossier artistique, lettre de candidature et curriculum vitae, le candidat sera invité à rencontrer le jury au cours d’un entretien. Le dossier artistique, uniquement sous forme électronique, présentera une documentation sur les travaux réalisés par le candidat (textes, photographies, films, catalogues, articles). Pour les œuvres filmiques ou sonores, le candidat procédera à une sélection d’extraits d’une durée maximale de 10 minutes qu’il mettra en ligne. La lettre de candidature (2 pages maximum) exposera la trajectoire du candidat, ses expériences passées et ses intérêts pour le programme. La candidature devra inclure deux référents (artistes, critiques, commissaires) qui peuvent être contactés pour d’éventuelles recommandations.
Les participants bénéficient des infrastructures techniques des écoles et d’une bourse de 4000 euros. Le programme recrute pour l’année 2018-2019 un.e jeune artiste et/ou commissaire.
Date limite d’envoi des dossiers : 26 août 2018.
Annonce de la présélection : 3 septembre 2018
Entretien de sélection : 24 septembre 2018
Les séances de travail du groupe commencent le 3 octobre à Paris, suivies d’un voyage de recherche en Macédoine – Kosovo/a – Monténégro – Bosnie Herzégovine immédiatement après.
Les dossiers sont à adresser à : concours.troisieme-cycle@eesi.eu
Équipe
Direction : Mabel Tapia – Stephen Wright
Professeurs référents :
Andreas Maria Fohr, artiste, professeur à l’ENSA-Bourges Virginie Yassef, Aurélien Bambagioni, artistes, professeurs à l’ÉESI Arnaud Deshayes, Ferenc Gróf, professeurs à l’ENSA-Bourges
Programme d’invitations 2018-19 (sous réserve)
Rebecca Baron, cinéaste, CalArts ; Arne De Boever, théoricien, CalArts ; Catherine Malabou, philosophe (Irvine) ; Susan Schuppli, artist (Londres) ; Brian Holmes, artiste (Chicago) ; Center for Land Use Interpretation (Los Angeles) ; Chto Delat (Moscou) ; Yves Citton (Paris) ; Bureau d’études (Paris)